samedi 17 mai 2008

FORUM : REAGISSEZ ICI AU "MENTAL DES CHAMPIONS"

Faites part de vos impressions ou posez vos questions

43 commentaires:

Aigle noir a dit…

Bonjour,
Ce qui m'a étonné chez ces champions c'est cette volonté féroce de devenir numéro un dans leur domaine. On pourrait penser que c'est surtout par rapport aux autres, pour être le premier, la gloire, les honneurs et tout ce qui va avec. Après tout c'est bien l'esprit du sport.
Mais à bien y regarder, et c'est ce qu'a fait H. Ripoll, ces champions veulent surtout se dépasser, aller au delà de leurs limites, se prouver quelque chose à eux mêmes, être numéro un pour eux. D'ailleurs plusieurs disent que le plus important c'est d'avoir donné le meilleur de moi même (d'être numéro un par rapport à moi, à mes capacités) plutôt que d'avoir gagné (être numéro un par rapport aux autres).
Quelle leçon pour nous ! Et si nous étions numéro un dans notre vie de tous les jours...
Aigle noir

Anonyme a dit…

Bonjour,

Moi j'ai une question "naïve" : est-ce que les scientifiques sont capables de distinguer assez nettement ce qui distingue (dans la psychologie bien sûr) un "champion" d'un sportif de haut niveau x ou y ?

Y a t-il des caractéristiques psy "propres" au champion où est-ce que ce sont seulement les mêmes idées et représentations mais plus poussées ou ...

Merci !
LeGrec

Hubert RIPOLL a dit…

@Le Grec
Q1 : est-ce que les scientifiques sont capables de distinguer...
Non, certainement pas. La performance est plurifactorielle et nous ne sommes pas prêts de maîtriser comment ces facteurs jouent, encore moins comment ils interagissent. D'ailleurs, les différents programmes de détection mis en oeuvre à travers le monde ont tous échoué. Le seul paramètre qui me paraît valide est celui concernant les formules de latéralité oculaire et manuelle qui sont assez bien prédictives des dispositions pour réussir dans les sports de vitesse et de précision (tennis, tennis de table, escrime, squash...). Je recommande vivement à ce sujet le livre de Guy Azémar (l'homme asymétrique aux éditions du CNRS). Si quelqu'un le souhaite, je peux développer la problématique.
Q2 : Y a t-il des caractéristiques psy "propres" au champion... Oui, bien sûr, c'est ce que montre mon livre. Pour donner une image, je dirai qu'une clio à 4 roues et un moteur comme une formule un... mais ce n'est pas une formule un.
A +

Ludovic a dit…

Bonjour.
Le fait que les entretiens concerne des "numéro un" de disciplines individuelles et collectives m'interpelle et me fait poser les question suivantes :

Quel influence le groupe a t il sur le mental des champions ?
Les mécanismes psychologiques sont ils les même chez un champion en sport collectif et en sport individuel ?
D'autant plus lorsque le champion est le capitaine(leader).

Merci.

Anonyme a dit…

Ca m'interesse que vous developiez la problematique sur la lateralite
je vous remercie
clicla

Hubert RIPOLL a dit…

@ Ludovic: Quel influence le groupe a t il sur le mental des champions ?
L'influence est différente selon qu'il s'agit de sport collectif ou individuel.
Dans les sports collectifs, la cohésion du groupe est dynamique (elle évolue) et un détail peut bloquer cette cohésion. Le point important est celui du leadership de l'entraîneur qui peut être démocratique ou autocratique. Les entraîneurs démocratiques ont des équipes plus stables psychologiquement. Cela ne veut pas dire que les entraîneurs autocratiques ne réussissent pas, mais que la cohésion du groupe peut à tout moment se rompre. Je donne dans le mental des champions plusieurs exemples, notamment en football (Boghossian raconte comment s'est bâtie la cohésion des bleus lors de la coupe du monde de 1998) et en handball (Martini raconte comment s'est forgée la cohésion du son équipe lorsqu'elle a remporté, contre tous les pronostics, la ligue des champions en 2003). On lira aussi avec intérêt les propos de Richardson décrivant comment l'équipe de France a perdu sa cohésion aux JO d'Atlanta en 1996. Enfin, la cohésion du groupe joue un rôle majeur dans les compétitions par équipe. Laura Flessel explique par exemple comment à joué la cohésion du groupe dans les victoires par équipe aux JO d'Atlanta et aux championnats du monde.
Je montre que le groupe n'est jamais aussi fort que quand il est attaqué et qu'il parvient à faire front. Je pense que les médias (qui avaient attaqué Jacquet lors de la coupe du monde de 1998) auraient pu faire perdre l'équipe. Or, ils l'ont bien involontairement servie car le groupe à fait front pour soutenir son entraîneur, et c'est cette cohésion qui a fait gagner l'équipe.
En ce qui concerne le rôle du capitaine sur le fonctionnement de l'équipe, je vous renvoie aux déclarations de Richardson, Boghossian et Flessel.

Dans les sports individuels le groupe joue aussi, mais il s'agit de groupe au sens large (l'équipe d'encadrement). Il doit y avoir un consensus entre les attentes et les moyens mis en oeuvre par l'encadrement et les attentes et les moyens investis par le champion. La façon dont Loïc Leferme parle de son groupe est très explicite. Si il n'y a pas accord entre les deux, la rupture n'est pas loin.
Le groupe peut être encore plus large et peut concerner l'équipe de France dans son ensemble comme dans les JO. Je pense que l'effroyable aventure de Marie-José Pérec, aux JO de Sydney, est due en très large partie à une dissonance avec son encadrement immédiat, d'une part, et à avec l'équipe de France, d'autre part.

Hubert RIPOLL a dit…

@ à Anonyme (clicla) : Ca m'interesse que vous developiez la problematique sur la lateralite

Il s'agit d'une théorie développée par Guy Azémar (voir l'Homme Asymétrique : gauchers et droitiers face à face - Editions du CNRS, 2003). L'auteur montre que ce ne sont pas tous les gauchers qui réussissent en sport mais ceux qui ont l'oeil droit dominant (pour viser). Il a conduit une très belle série d'expériences où il montre que ces individus réagissent plus vite que les autres lorsqu'il s'agit de répondre à des informations visuelles. Il explique ceci en s'appuyant sur la neuro-anatomie qui montre que les mouvements fins de chaque main sont contrôlés par l'hémisphère et par l'oeil opposé. Ainsi, les gauchers à oeil droit dominant ont un avantage lorsqu'il utilisent leur main gauche. Ceci est valable également pour les droitiers, comme le montre cette surprenante déclaration de Biamonti (non publiée dans le mental des champions)
« Je suis droitier naturellement, fausse garde par accident. En effet, je me suis blessé à dix-sept ans et j'ai dû changer ma garde à cause de cette blessure. Ainsi, ma main dynamique c'est la gauche, la main droite peut aussi frapper, mais elle sert surtout à bloquer. En fait, je combats en fausse garde, mais avec les appuis d'un droitier, ce qui complique la situation pour mon adversaire. Cette combinaison fausse garde, appui droitier m'a réussie et m'a vraisemblablement avantagée. En effet, il est plus difficile de rencontrer une fausse garde parce c'est plus inhabituel et que l'effet de surprise joue. De plus, un gaucher a l'habitude d'imposer sa garde et ça me convenait de prendre la direction des opérations. Ce qui m'a aussi sans doute avantagé est le fait que cette garde me permettait de frapper plus vite. À dix-sept ans, je le disais haut et fort " je manque de précision mais je vais trois fois plus vite". »

Anonyme a dit…

Si je comprends bien, un automatisme c'est un réflexe. C'est ça ? Alors pourquoi vous appelez pas ça tout simplement un réflexe ?

Plume

Hubert RIPOLL a dit…

@ plume
Non un automatisme n'est pas un réflexe. J'ai longuement développé ce point dans le mental des champions. En effet, alors qu’un réflexe est une réponse quasi obligée et systématique du système nerveux à un stimulus, un automatisme est une réponse volontaire, mais pas forcément consciente, qui entraîne le choix d’une réponse adéquate parmi un ensemble de réponses possibles. Si un automatisme était un réflexe, un adversaire pourrait le déclencher quand il le veut. Au contraire, dans le cas d'une feinte, l'automatisme n'est pas déclenché ; preuve que ce n'est pas un réflexe.

Anonyme a dit…

(Aimen dit)
j'aimerai bien savoir si les connaissances liées à l'expertise peuvent être transférables d'un domaine à l'autre ou d'une activité sportive à une autre (du football au basketball
Dans le mental des champion peut on parler d'une expertise auditive a côté de l'expertise visuelle? et si elle existe a elle était étudié dans le domaine sportif?

Anonyme a dit…

A votre avis, l'équipe de France avait-elle le mental des champions, hier, contre la Roumanie ?

Hubert RIPOLL a dit…

@ Anonyme
A votre avis, l'équipe de France avait-elle le mental des champions, hier, contre la Roumanie ?
Certainement pas. L'équipe de France a été besogneuse et appliquée, ce n'est pas suffisant. Avoir le mental des champions c'est savoir se transcender, faire jaillir l'étincelle. Or, cette étincelle ne jaillit si les fonctions de contrôle ne sont pas trop prégnantes ; ce qui était le cas. Lorsque Lilian Thuram marque deux buts d'extra terrestre contre la Croatie en 1/2 finale de la coupe du monde (lui, qui n'en marque pas, ou si peu), ou lorsque Zidane marque 2 buts de la tête en finale contre le Brésil (lui, qui n'en marque pas (de la tête) ou si peu), là est l'étincelle.
Ceci signifie que le groupe se transcende, et les individualités avec. Dans ces deux conditions, Thuram et Zidane sont passés dans une autre dimension -que je décris dans le mental des champions pages 175 à 205 : "L’état de grâce : au-dessus des nuages"-
Ceci s'est reproduit en finale de la coupe du monde, en 2006, contre l'Italie. Curieusement, aucun des observateurs avertis n'a remarqué que Zidane avait mis la même tête (sur la barre) qu'en 1998. Ceci n'a rien à voir avec le hasard. Zidane s'est mis dans l'état de grâce afin de rééditer l'exploit de 1998. J'explique ceci page 194 "ORCHESTRER L’APPARITION DE L’ÉTAT DE GRÂCE".
Pour répondre à votre question, l'état de grâce n'était pas au rendez-vous, hier soir.

Anonyme a dit…

Lillois 59 :

Je serais reconnaissant si vous développiez le point relatif au capacités de transfert d'habiletés non spécifiques

Merci

Hubert RIPOLL a dit…

@ Lillois 59 :
Q. Je serais reconnaissant si vous développiez le point relatif au capacités de transfert d'habiletés non spécifiques.
Il s'agit en fait d'habiletés motrices générales. De toute évidence, les capacités de transfert sont développées jeune par une pratique généraliste et non spécifique. Il faut savoir que toute spécialisation entraîne la stabilisation de circuits moteurs (ce qu'on appelle des patrons), ce qui est un plus pour l'activité, mais qui entraîne également une certaine rigidité dès lors que veut apprendre d'autres patrons, dans le cas de l'apprentissage d'une autre habileté. Les processus responsables de ces mécanismes sont au niveau des commandes centrales et du système neuro-moteur.
Il y a tout intérêt à pratiquer au départ des activités variées qui facilitent par la suite l'adpatabilité et le transfert. Cela ne veut pas dire qu'il ne faille pas se spécialiser. Dans ce cas, je préconise une pratique variée parallèlement, et d'autant plus variée que l'entraînement est poussé.

Anonyme a dit…

Tunisiano
Peut on parler d'un mental des champions à partir une vision écologique-dynamique?

Merci

Hubert RIPOLL a dit…

@ à Tunisiano
Q : Peut on parler d'un mental des champions à partir une vision écologique-dynamique?
Il s'agit d'un débat de spécialistes. Une vision écologique-dynamique signifierait que le mental résuterait d'une interaction directe avec l'environnement, sans implication volontaire du sportif. Je ne le pense pas, car il s'agit d'une véritable modulation active du fonctionnement du SNC. Pour autant, il s'agit bien d'une adaptation aux contraintes de l'environnement.
En fait, je pense que vos modèles sont inadaptés pour décrire ces états mentaux et, selon ce qu'on veut montrer, on peut, en restant à la surface des choses conclure dans un sens ou dans un autre. C'est donc bien un débat de spéialistes.

Anonyme a dit…

Je suis époustouflée par les descriptions des champions de leur états modifiés de conscience. Cependant, ne s'agit-il pas d'images ? Notamment quand Biamonti dit qu'il a vu son combat du championnat d'Europe "d'un hélicoptère". Je ne vous remets pas en cause mais c'est dur à avaler.

Hubert RIPOLL a dit…

@ à anonyme
Q : Je suis époustouflée...
Moi aussi, à vrai dire. J'y étais pourtant préparé et j'ai posé ces questions sur la base de déclarations faites bien longtemps avant par d'autres champions. Bien sûr qu'il s'agit d'images, vous avez raison, mais comment utiliser autre chose que des mots-images pour parler de cet état dont on ne parle pas (car ça arrive rarement) et dont on n'ose pas parler quand ça arrive. Alors quand un scientifique vous questionne, et qu'en plus il vous montre qu'il ne vous remets pas en cause, vous déballez vos secrets. C'est ce que les champions on fait avec les mêmes mots, les mêmes expressions et les mêmes émotions. Concernant Biamonti notamment, j'ai été très neutre dans mon questionnement car j'avais été contacté quelques jours avant par un producteur qui veut faire un film sur ce livre. J'ai donc redoublé de prudence. La réponse d'Alexandre a été immédiate, sans hésitation sur la date et sur l'heure précise où il a vécu cette sensation pour la première fois, et j'ai moi aussi été époustouflé lorsque je l'ai entendu me dire :
« La première fois, c'était en 1998. Je combattais pour mon quatrième titre européen. J'ai eu le sentiment d'être en hélicoptère et de tourner autour de mes proies. […] J'avais la sensation d'être au-dessus de mes adversaires, porté par quelque chose, avec une incroyable sensation de légèreté. »
Pourtant, des explications existent. Elles sont biochimiques et neuronales, comme je l'ai expliqué dans le mental des champions (dans le chapitre 10 L'ETAT DE GRACE : AU DESSUS DES NUAGES- pages 175 à 205). Je développerai ce point dans ce blog le 18 août.

Anonyme a dit…

Vous dites qu'il faut avoir une profonde blessure pour devenir un champion. J'ai pour ma par connu des champions qui ne paraissait pas avoir eu des blessures comme vous dites.
Blingo

Dylan a dit…

Bonjour et merci,
Je viens de vous écouter sur France Inter, et vous faîtes allusion à un type de musiciens, qui comme des sportifs de haut niveau 'souhaitent être numéro 1'.
J'entends bien que ce n'est pas tout a fait votre thème de recherche, mais:
quels sont à votre avis les subtilités à prendre en compte dans la comparaison de musiciens à des sportifs de haut niveau?

Le sportif, c'est bien le spécialiste d'une discipline. La personne qui se lève pour son travail, et loin de toute représentation médiatique fait elle face aux disciplines multiples, voire infinie du quotidien.

"et si nous étions numéro un dans notre vie de tous les jours".. dit aigle noir.

et si nous étions tous les jours dans notre vie de numéro un?

Je m'interroge sur le sujet précis d'une telle recherche psychologique, et de ses limites.
En anthropologie, on pense surtout le quotidien et le 'tout le monde', peut-être le pense-t'on trop...

La passion pour laquelle se battent les musiciens et les sportifs, la compariez-vous à la lutte quotidienne des 'non-servis' (et non-médiatisés), de la personne qui répète pour servir?
Pourquoi-pas...? Serait-ce justice?

on peut aussi inverser la question, et voir dans la répètition un épanouissement - une façon de se prouver, physiquement ou pas - qui n'est pas réstreint a un bonheur normalisé comme dans le sport. Le mental des champions, comme le disaient ceux que vous interviewez, c'est aussi de la souffrance...

Hubert RIPOLL a dit…

@ à anonyme : Je suis époustouflée... Je ne vous remets pas en cause mais c'est dur à avaler.
Je vous comprends... et pourtant. Mais quand treize champions sur seize vous font ce type de commentaires et qu'ils vous disent également qu'il n'ont jamais osé en parler, il y a tout lieu de les croire.
Alors pourquoi m'en ont-ils parlé, vous direz-vous ?
Parce que je les ai amené sur ce terrain en connaissance de cause, parce que c'est mon domaine de recherche, parce que ma sensibilité me permettait de les écouter, et surtout parce qu'ils m'ont fait confiance.
Je vais essayer de mettre sur le blog l'enregistrement audio de certaines de ces réflexions. Vous jugerez par vous même.

Hubert RIPOLL a dit…

@ à Dylan : vous faîtes allusion à un type de musiciens, qui comme des sportifs de haut niveau 'souhaitent être numéro 1'...
On retrouve chez les virtuoses les qualités que j'ai décrites : Motivation, mémoire, concentration, coordination motrice, souffrance, ... Donc pour répondre à votre question, je ne fais pas de différence entre un numéro un virtuose et un numéro un sportif ; d'ailleurs les modèles de l'expertise développés en psychologie, et que j'ai largement repris dans mes propres travaux en psychologie du sport, l'ont été à partir de l'étude d'experts : musiciens notamment, mais aussi joueurs d'échecs, calculateurs prodiges ou... garçons de café (c'est vrai) ...

Anonyme a dit…

Bonjour,
Quel est votre avis de psychologue du sport sur la confirmation ou non de Domenech en tant que sélectionneur de l'équipe de France.
Merci,
Supporter mécontant !

Hubert RIPOLL a dit…

@ à supporter mécontant

Q : Quel est votre avis de psychologue du sport sur la confirmation ou non de Domenech...

Je ne vais pas répondre directement à votre question mais vous fournir quelques éléments de réflexion.
Il paraît entendu que Domenech porte une responsabilité dans la débâcle de l'équipe de France à l'Euro. D'ailleurs, il n'a pas plaidé le contraire.
Les pro-Domenech (M. Platini en tête, probablement Jean-Pierre Escalette et le staff national) plaident qu'il ne faut pas changer de sélectionneur à l'orée des qualifications pour la coupe du monde et à 2 ans de celle-ci.
Les anti-Domenech (Z. Zidane en tête et le groupe des 1998) plaident qu'il faut changer les perdants et injecter du neuf (D. Deschamps).
Examinons ces alternatives et ses conséquences sachant que, quoi qu'il en soit, le groupe va s'enfermer dans une bulle et que son avenir dépendra de ce qui se passe à l'intérieur de cette bulle.
L'idée de risquer de déstabiliser le groupe en changeant le sélectionneur ne tient pas, à mon sens. Il s'agit en effet de donner une cohésion autour d'un projet viable à un collectif formé de joueurs exceptionnels et non de former des joueurs. Les exemples ne manquent pas d'entraîneurs dont la seule arrivée, et en changeant les méthodes précédemment utilisées (Gerets à Marseille récemment), peut transformer une équipe.
Que peut-il se passer si Domenech est reconduit ? Lui-même, et par conséquent l'équipe, vont subir des attaques féroces de l'extérieur. Deux conséquences sont envisageables.
• Domenech peut s'appuyer sur un leader qui cristallise le groupe autour de lui et qui joue le rôle d'un tampon (Ribery peut-il jouer ce rôle ?), par rapport aux agressions extérieures. Dans ce cas, le groupe peut en ressortir plus fort, comme dans le cas de la coupe du monde de 1998 (voir le mental des champions, pages 169 à 172) .
• Domenech ne peut s'appuyer sur ce leader et le groupe ne résistera, ni au doute, ni aux agressions extérieures.
Quoi qu'il en soit, le risque encouru en gardant Domenech me paraît élevé.
Voilà donc de quoi alimenter votre réflexion et tirer votre conclusion.

Hubert RIPOLL a dit…

@ à supporter mécontant

Q : Quel est votre avis de psychologue du sport sur la confirmation ou non de Domenech...

Je ne vais pas répondre directement à votre question mais vous fournir quelques éléments de réflexion.
Il paraît entendu que Domenech porte une responsabilité dans la débâcle de l'équipe de France à l'Euro. D'ailleurs, il n'a pas plaidé le contraire.
Les pro-Domenech (M. Platini en tête, probablement Jean-Pierre Escalette et le staff national) plaident qu'il ne faut pas changer de sélectionneur à l'orée des qualifications pour la coupe du monde et à 2 ans de celle-ci.
Les anti-Domenech (Z. Zidane en tête et le groupe des 1998) plaident qu'il faut changer les perdants et injecter du neuf (D. Deschamps).
Examinons ces alternatives et ses conséquences sachant que, quoi qu'il en soit, le groupe va s'enfermer dans une bulle et que son avenir dépendra de ce qui se passe à l'intérieur de cette bulle.
L'idée de risquer de déstabiliser le groupe en changeant le sélectionneur ne tient pas, à mon sens. Il s'agit en effet de donner une cohésion autour d'un projet viable à un collectif formé de joueurs exceptionnels et non de former des joueurs. Les exemples ne manquent pas d'entraîneurs dont la seule arrivée, et en changeant les méthodes précédemment utilisées (Gerets à Marseille récemment), peut transformer une équipe.
Que peut-il se passer si Domenech est reconduit ? Lui-même, et par conséquent l'équipe, vont subir des attaques féroces de l'extérieur. Deux conséquences sont envisageables.
• Domenech peut s'appuyer sur un leader qui cristallise le groupe autour de lui et qui joue le rôle d'un tampon (Ribery peut-il jouer ce rôle ?), par rapport aux agressions extérieures. Dans ce cas, le groupe peut en ressortir plus fort, comme dans le cas de la coupe du monde de 1998 (voir le mental des champions, pages 169 à 172) .
• Domenech ne peut s'appuyer sur ce leader et le groupe ne résistera, ni au doute, ni aux agressions extérieures.
Quoi qu'il en soit, le risque encouru en gardant Domenech me paraît élevé.
Voilà donc de quoi alimenter votre réflexion et tirer votre conclusion.

Anonyme a dit…

Aimen
Bonjour,

Quand vous parlez d'une "exceptionnelle mémoire des champions" vous analysez seulement les compétences liées au système mnémonique? Peu on parler d'une compétence liée à la perception? Ou ces deux notions (Perception et mémoire) sont complémentaires dans le fonctionnement cognitif

Merci

Hubert RIPOLL a dit…

Réponse @ Aimen
Q : Quand vous parlez d'une "exceptionnelle mémoire des champions" vous analysez seulement les compétences liées au système mnémonique?

Si vous vous rendez au chapitre 3 (Une vista plus rapide que l'éclair : page 79 et suivantes) vous verrez que je traite la question de la mémoire perceptive. En fait le système mnémonique des experts à un fonctionnement identique quel que soit le domaine (musical, lexical, moteur, perceptif ...) . Ce qui différencie les mécanismes c'est la nature du matériel à mémoriser. Les sportifs stockent en mémoire des connaissances conceptuelles et des connaissances pragmatiques (liées à l'action). Je range les connaissances perceptives dans ce domaine. Les connaissances perceptives visuelles sont prépondérantes. Elles mettent en alerte le système nerveux et produisent la réponse adéquate. Dans certaines expériences, on utilise, pour étudier les experts, des stimuli infraliminaires (qui ne sont pas perçus consciemment) qui apparaissent pendant 50 ms. Les sujets nous disent "on ne peut pas répondre". On leur dit alors, répondez au hasard... et oh surprise, ils ne répondent pas au hasard. Cela signifie que l'information a été traitée par leur système nerveux de manière automatique et non intentionnelle. Cependant, les réponses ne sont bonnes que POUR DES STIMULI COHÉRENTS par rapport à l'activité, ce qui démontre qu'il s'agit bien là de connaissances stockées en mémoire.

Anonyme a dit…

lorsque vous dites : entrer dans sa bulle pour être concentré. Cela n'est-il pas contraire à la pratique sportive qui nécessite d'être au contraire très attentif au monde ? D'autre part, les techniques mentales telles que le yoga ou la sophrologie ne risque t'elle pas d'endormir au lieu de rendre plus vigilant ?

Fana de sport

Hubert RIPOLL a dit…

@ à Fana de sport
Q : lorsque vous dites : entrer dans sa bulle pour être concentré. Cela n'est-il pas contraire à la pratique sportive ...
Pour la majeure partie d'entre nous, non champions, votre réflexion est juste. S'enfermer dans une bulle, c'est bien se couper du monde... sauf pour les grands champions. En effet, ceux-ci sont capables de se couper du monde (la bulle) pour n'être attentif qu'à ce qui est utile (les informations qui donnent du sens à l'action). Ils sont capable de "switcher" très rapidement et c'est ce qui fait leur force de la bulle à l'information. C'est pour cela que j'ai écrit : une bulle suffisamment poreuse pour Ne laisser passer que l'information pertinente. En d'autres termes, ils changent de niveau de contrôle, comme je l'ai montré dans le chapitre 2 du mental des champions (un ordinateur idéal). A l'opposé un non champion est soit dans sa bulle (à vrai dire rarement), soit hyper vigile, ce qui est très coûteux attentionnellement. Comme le dit Thierry Lincoux : "les jeunes loups se crament". Votre seconde remarque est très juste. Les pratiques cognitivo-comportementales que vous citez (yoga, sophrologie) peuvent constituer un excellent mode de préparation, associé à la pratique sportive, notamment pour obtenir une meilleure disponibilité motrice (yoga) ou une meilleure résistance à la pression (sophrologie). Pour autant, il ne me semble pas judicieux d'utiliser ces pratiques dans la préparation d'avant la compétition. Les champions que j'ai interviewé montrent qu'ils "bricolent" des techniques de préparation hybride en prélevant ici ou là. Ainsi, ils utilisent des modes de préparation souvent proches de la PNL ou du yoga, souvent sans le savoir.

guyalain a dit…

Bonjour,
tres bon cet artcle LE MENTAL DES CHAMPIONS. Ce n'est pas un debat religieux que je veux ouvrir mais je pense pour ma part que dans le chapitre 10: Etat de grace, il aurait ete mieu preferable d'ecrire Dieu avec grand "D" au lieu du petit "d", je ne pense pas que phillip gentil voulais parler d'un dieu,mais de Dieu

Hubert RIPOLL a dit…

R à Guyalin
Effectivement, vous avez raison. Je corrigerai en cas de réédition.
Cordialement,

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…

Je viens de découvrir votre livre grâce à un commentaire d'un journaliste à l'occasion des championnats du monde d'athlétisme.
Je suis scotché. Fabuleux, j'ai enfin l'impression de savoir ce qu'est le psy. Bravo.
Accrosport

Anonyme a dit…

J'ai assisté ce soir à Paris à la conférence à laquelle vous participiez intitulée "le champion, son mental, sa performance". Vous avez commencé votre exposé en précisant que vous aviez inversé les deux concepts sans pour autant expliquer ce choix. Est ce parce que vous hiérarchisez l'importance de l'un sur l'autre?
Je suis enseignant d'éducation physique et la notion de performance m'interpelle au quotidien. Et pourtant une partie de moi ne se sentait pas concerné par ce qui a été brillamment dit au cours de cette conférence. La performance renvoie t'elle à la capacité à être numéro UN ou alors à l'utilisation optimale de ses ressources dans un contexte donné ?
N'y a t'il pas un risque à sur-valoriser les pratiques compétitives pour les individus
qui ne seraient pas prêts (fragilité) ou qui ne chercheraient pas ce type de pratique (autre motif d'agir). J'ai un ami qui s'est suicidé alors qu'il était en sport étude athlétisme et qu'il avait paradoxalement de bons résultats sportifs. Qu'en est il de ceux qui n'y arrivent pas/plus ?
Je sais que cela fait beaucoup de questions, mais elles sont venues a posteriori. Dans l'espoir de pouvoir vous lire.
Yvon Morizur

Hubert RIPOLL a dit…

@Yvon Morizur
J'ai inversé performance et mental car je voulais d'abord présenter les opérations impliquées dans la performance (mon schéma du début) et poursuivre par la modulation de ces opérations par le mental. Voyant que je n'aurais pas le temps, j'ai gommé, au dernier moment la première partie de mon exposé, mais le titre est resté inchangé (je m'en suis rendu compte en le lisant, devant vous). C'est aussi simple que cela.
Votre réflexion : "La performance renvoie à la capacité à être numéro UN ou à l'utilisation optimale de ses ressources dans un contexte donné ?", n'est pas claire et je ne peux y répondre.
Enfin, vous posez : "N'y a t'il pas un risque à sur-valoriser les pratiques compétitives pour les individus qui ne seraient pas prêts (fragilité) ou qui ne chercheraient pas ce type de pratique (autre motif d'agir)". Le sport est une activité délibérée... sauf quand la pression de l'environnement s'impose au désir du pratiquant. Dans ce cas, je vous rejoins.

A +

Anonyme a dit…

J'ai beaucoup aimé votre conférence au CNOSF. Vous avez évoqué le coaching de Jacquet avec les bleus, de celui de Costantini avec les Barjots, de Canayé avec Montpellier Handball, bien d'autres encore. Et rien sur Domenech. Pourquoi ? Que pensez-vous de son coaching. Merci.
Entraîneur national de judo.

Hubert RIPOLL a dit…

@ entraîneur national de judo

Effectivement, je n'ai pas parlé du coaching de Domenech. Tout simplement, parce que cette question d'actualité brûlante risquait de monopoliser les débats et je ne le souhaitais pas. Cependant, le groupe France actuel, piloté par Domenech, pose un véritable problème de coaching, et je ne pense pas que l'illusion de la victoire contre les Féroé, pas plus que le résultat du match de ce soir contre l'Autriche, y changera quelque chose. Pour moi, le coaching de Domenech n'est pas efficace et je ne vois pas les choses évoluer favorablement, même si nous passons les barrages.
Les causes : je les ai décrites lors de ma conférence au CNOSF. Pour aller au plus vite, le divorce est dans l'équipe entre les joueurs et Domenech.
Je l'ai déjà écrit il y a un mois dans un article que j'ai envoyé à un grand quotidien français - qui ne l'a pas publié. Ne pouvant (pour des raisons techniques liée au blog l'insérer à la suite) vous le trouverez in-extenso dans la rubrique LA PRESSE EN PARLE + INTERVIEW AUDIO de mon blog sous le titre : Les bleus et le coaching de Domenech
A +

Anonyme a dit…

J'ai trouvé votre conférence aux lundi du sport au CNOSF passionnante. Pouvez-vous me dire si la production d'un DVD est toujours d'actualité et comment se le procurer.
Merci,

Hubert RIPOLL a dit…

Vous pouvez demander le DVD de la conférence au CNOSF en vous adressant à raphael.millon@jeunesse-sports.gouv.fr. Ce DVD est gratuit... si disponible car il a été tiré en nombre limité. J'espère qu'on en aura une version téléchargeable bientôt.
Hubert

Anonyme a dit…

Je viens de voir le DVD tourné aux Lundi du Sport organisé par le CNOSF sur le champion sa performance, son mental. Mais il a fallu que je me batte pour en récuupérer une copie.
mais pourquoi il est pas en vente ou au moins dans les médiatèques. C'est une mine. votre exposé est pationnant et vos compères, Costantini et Frayssinet excellents.
Je le recommande à tous, surtout les entraîneurs. C'est la première fois que j'entends parler de psy et de mental sans devoir prendre un dico pour traduire et surtout de manière constructive. Au-delà du y-a qu'à faut qu'on.
Gazelle

Benoît a dit…

Bonjour,

Je suis très intrigué par cette notion de flow, ou état de grâce, et je viens de recevoir votre livre que je m'apprête à dévorer littéralement.

En effet je pratique la course à pied depuis 4 ans. Lors de mes entrainements, et particulièrement lors de dernier semi-marathon que j'ai pratiqué en octobre dernier, j'ai ressenti un moment d'euphorie. Alors que j'avais pourtant mal au genoux, que j'étais un peu stressé (j'ai souvent peur d'avoir une pointe de coté) et à un moment j'ai oublié la douleur et le stress, tout mes mouvements me paraissaient fluides, de bien faire mes mouvements comme si j'avais de la grâce malgré l'effort, encouragé par le fait que je doublais tout le monde, et que rien ne semblait me résister. C'est arrivé après plus d'une heure de course.

Ce moment d'euphorie est, je crois, bien connu des coureurs. Selon moi ce phénomène est plus ou moins automatique, dans le sens ou il est la conséquence de la production d'endorphines qui se produit naturellement au bout d'un certain temps d'effort.

Certes, c'était la première fois que je ressentais ce phénomène avec autant d'intensité, et je suis loin d'être un champion (lors de cette fameuse course j'ai fait mon meilleur temps à ce jour, soit 1h53, vous en conviendrez, je suis loin d'être Usain Bolt).
Se pourrait-il que ce phénomène d'euphorie, populaire chez les coureurs à pieds, puisse être considéré comme une expérience du flow ?

Anonyme a dit…

p.177 "il s'agit d'un état que ne connaissent que les grands champions"

Vous ne pouvez pas le prouver, non seulement parce que la technologie en est loin, mais aussi parce que ce n'est pas rigoureusement juste. Les grands champions pour vous ne sont que sportifs.
il existe des centaines et même des milliers de champions, autour de nous, ils sont presque invisibles dans le tourbillon des villes, ils ne font pas beaucoup de bruit parmi le brouhaha des vies, mais ils pansent des cœurs, sauvent des êtres, et éclaire les chemins ; mais ils sont là. Les champions de la vie de tous les jours ne sont pas que ceux qu’on voit à la télé pour les Jeux Olympiques. Les champions sont des personnes, comme vous comme moi, qui, jour après jour, vivent leurs vies de la manière dont ils aspirent au fond d’eux même, de leur corps et de leur âme. Ils sont en quête de l’absolu.
Ce peuvent être des médecins qui, lors d'une intervention à haut risque, sont sublimés par leur connaissances, leur automatismes acquis pendant leurs années d’expérience, et qui se retrouvent dans un tel état de lucidité que personne ne peut les contredire et les empêcher d'agir, ils ont forcément raison, les autres tords ils font des choses qu'ils n'ont jamais fais auparavant, ils réinventent la médecine comme Messi réinvente le football ils sont "sur un nuage".
Mais aussi, il y a des "petits champions" qui ressente un jour cet état, après de longue année de pratique sportive, il le ressente car les événements 'adversaires configuration de jeu etc) sont en parfaite symbiose avec leur forme physique et du coup psychique.

Anonyme a dit…

J'ai écouté votre interview sur RFI le 2 août. Passionnant. J'ai acheté immédiatement votre livre et je l'ai dévoré d'une traite. Je ne suis pas champion, et à peine sportif (plutôt pleine nature, rando, natation...), mais j'ai trouvé que votre livre nous fait comprendre beaucoup de choses sur nous mêmes, et au moins sur moi même. Je vais acheter le mental des coachs en espérant y trouver autant de choses passionnantes et instructives.
Ludovic Freitag, Thionville